Le biocarburant pèse lourdement sur l’empreinte eau

Une étude présentée en juin 2009 par des chercheurs de l’Université de Twente aux Pays-Bas, montre que la quantité d’eau nécessaire pour cultiver la biomasse destinée à fabriquer des biocarburants est nettement supérieure à celle consommée pour produire d’autres formes d’énergie. l’étude a porté sur douze produits agricoles qui contribuent le plus à la production de biocarburants actuellement. Ainsi, le Jatropha bien que possédant un excellent rendement énergétique a besoin de 20 000 litres d’eau pour produire un litre de biodiesel.

Les chercheurs se sont basés sur l’empreinte d’eau provenant de treize cultures différentes. Par empreinte, il faut comprendre le volume d’eau (d’irrigation et/ou de pluie) requis par gigajoule de production d’énergie.

Ainsi, un litre de biodiesel fabriqué à partir de cultures à base de colza ou de soja, nécessite en moyenne 14 000 litres d’eau, le Jatropha encore davantage (20 000 l). !

Autre constatation : la betterave à sucre possède la plus petite empreinte d’eau. Utilisée dans la fabrication d’éthanol, elle a besoin de 1 400 litres d’eau. En revanche, la canne à sucre a besoin de 2 500 litres d’eau pour produire un litre d’éthanol.

Dans ce mode de production d’énergie, le climat et les process de production diffèrent suivant les régions : l’étude a donc choisi d’effectuer les calculs par pays et par cultures.

L’étude a également révélé que la production d’électricité à partir de la combustion « biomasse » possède une plus faible empreinte sur l’eau que la production de biocarburants (un facteur 2). Cela est du au fait que la combustion valorise toute la biomasse utilisée, alors que la production des biocarburants (de première génération) n’en transforme qu’une partie en énergie.

L’empreinte eau du bioéthanol est plus faible que celle du biodiesel.

En corrélant la consommation d’eau d’une culture spécifique à un endroit géographique et aux données climatiques, les chercheurs ont indiqué être en mesure de sélectionner la région la plus appropriée à sa production. Cette approche permettrait d’éviter de compromettre la production alimentaire dans certaines régions du globe subissant des problèmes d’approvisionnement en eau.

Les résultats sont publiés dans un article de cette édition PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences), du 23 Juin 2009. La méthodologie et les données utilisées sont détaillées sur cette page additionnelle du PNAS (en anglais).

« The water footprint of bioenergy »

Winnie Gerbens-Leenesa, Arjen Y. Hoekstraa et Theo H. van der Meerb, University of Twente, Cornell University, 2009

Vietnam : "Energie et développement durable au Vietnam "

un séminaire sur le thème « Energie et développement durable au Vietnam  » a été organisé le 19 novembre 2009 à Hanoï par la Chambre de Commerce et d’Industrie de la France, à l’occasion d’un voyage d’affaire d’une délégation d’hommes d’affaires français venue au Vietnam assister au 8e Forum économique et financier France-Vietnam, tenu dans la province de Quang Ninh (Nord).

Cet événement était placé sous l’égide de l’Assistance française au développement des échanges en technologie économique et financière (ADETEF), l’Institut de la stratégie pour le développement (ISD) relevant du ministère vietnamien du Plan et de l’Investissement, avec le soutien financier des groupes français AXA et VEOLIA.

La problématique de l’énergie au Vietnam

Selon Nguyên Bich Dat, vice-ministre du Plan et de l’Investissement, « l’utilisation et l’exploitation de l’énergie sont deux problèmes épineux au Vietnam. Car au cours de ces 20 dernières années, la consommation d’énergie primaire a été multipliée par 2,5, la consommation d’énergie finale par 2,4,et la consommation d’énergie commerciale par 10,7, pour atteindre environ 66 milliards de kilowattheures en 2008 ».

Les pertes énergétiques sont importantes en raison de technologies d’exploitation, de transmission et d’utilisation qui, bien qu’elles aient été améliorées, restent vétustes. On utilise d’anciens équipements datant des années 1970. Ce réseau électrique arriéré génère des pertes. Le taux de pertes global sur l’ensemble du réseau était de 9,35% l’année dernière, contre 20% en 1995.

« Le pays dépend encore actuellement des ressources énergétiques traditionnels telles que charbon, pétrole, gaz naturel et hydroélectricité, qui s’épuisent. En plus, leur exploitation de manière anarchique sont sources de pollution, de dégradation de la qualité de l’air et de dérèglement du climat. La qualité de vie et le développement socio-économique en pâtissent. C’est pourquoi, le pays poursuit ses efforts pour une utilisation raisonnable de l’énergie et une réduction des émissions de gaz à effet de serre « , a souligné M. Dat.

Il est indispensable de développer de nouvelles énergies et utiliser de manière raisonnable et efficace les ressources, de répondre aux besoins croissants d’énergie de haute qualité, renouvelables et à prix raisonnable au service du développement socio-économique. Le tout, en assurant la sécurité énergétique nationale. S’y ajoutent la diversification des investissements et de la commercialisation dans le secteur énergétique pour le développement d’un marché énergétique compétitif, l’investissement dans les énergies non carbonées.

Des pistes pour une coopération franco-vietnamienne

Partageant les analyses de M. Dat, Christian Jacob, ex-député européen, ex-ministre français de la Fonction publique et président de la délégation sur l’aménagement et la développement durable, a fait remarquer que « la France a pris plusieurs mesures pour diminuer de 20% ses émissions de CO2, développer l’utilisation des énergies renouvelables et la production d’énergie par biomasse », c’est-à-dire l’énergie tirée des matières organiques non fossiles comme bois, paille, huile, déchets végétaux…

Selon M. Jacob, le Vietnam dispose de grandes potentialités pour développer la bioénergie. « C’est le moment idéal pour les deux pays d’intensifier leur coordination et leur coopération sur le développement durable et l’utilisation efficace de l’énergie, la réduction des émissions de CO2 », a-t-il souligné.


Source : un article de Tùng Chi, publié le 20 novembre 2009 sur le site Le Courrier du Vietnam.

René Massé

Rome : Première consultation technique BEFSCI sur des "Critères et Indicateurs sur la bioénergie et la sécurité alimentaire"

Le projet Bioenergy and Food Security Criteria and Indicators (BFSCI) vise à élaborer des principes détaillés, critères et indicateurs sur la production durable de bioénergie en mesure de sauvegarder la sécurité alimentaire. Il a organisé une première consultation technique à Rome, du 2 au 4 novembre 2009.

Projet Bioenergy and Food Security Criteria and Indicators (BFSCI) : ses objectifs

Le Projet BEFSCI des Critères et Indicateurs sur la bioénergie et la sécurité alimentaire vise à élaborer des principes détaillés, critères et indicateurs sur la production durable de bioénergie en mesure de sauvegarder la sécurité alimentaire. Une première ébauche de ces principes, critères et indicateurs sera examinée lors de deux consultations techniques qui se dérouleront au siège de la FAO à Rome, respectivement en novembre 2009 et début 2010. Ils seront ensuite validés par des consultations internationales multipartenaires qui se tiendront au siège de la FAO et dans les Bureaux régionaux dans le courant de l’année 2010, avant d’être testés sur le terrain dans le cadre de trois études de faisabilité qualitative.

Les activités décrites ci-dessus jetteront les bases d’un processus intergouvernemental qui sera convoqué et dirigé par la FAO en guise de suivi de ce projet, dans le but de dégager un consensus international sur les principes, critères et indicateurs identifiés.

Le projet BEFSCI informera et alimentera également les discussions en cours et les travaux sur la sécurité alimentaire – principes, critères et indicateurs apparentés dans le cadre d’autres initiatives sur la bioénergie, telles que la Table ronde sur les biocarburants durables (RSB) et le Partenariat mondial sur les bioénergies (GBEP).

Par ailleurs, le projet BEFSCI pourrait informer le processus de notification sur la sécurité alimentaire en vertu de la nouvelle Directive EU en matière d’énergies renouvelables (qui comprend un objectif de biocarburants de 20% d’ici 2020), ainsi que les travaux en cours du Comité européen de normalisation (CEN) et de l’Organisation internationale de normalisation (ISO) vers l’élaboration de normes pour les biocarburants durables.

BFSCI : son programme

Pour atteindre les objectifs décrits ci-dessus, il est prévu de diviser les activités en trois phases :

PHASE 1.

1.1 Examen des principes, critères et indicateurs relatifs à la sécurité alimentaire mis au point dans le cadre des initiatives de bioénergie durable en cours, ainsi que les industries connexes, plus particulièrement celles des secteurs agricole et forestier.

1.2 Présenter une ébauche des principes, critères et indicateurs sur la production durable de bioénergie sauvegardant la sécurité alimentaire, en s’inspirant entre autres des résultats de l’activité 1.1.

PHASE 2.

2.1 Elaborer l’ébauche de principes, critères et indicateurs identifiés pour l’activité 1.2, par le biais de deux consultations techniques au siège de la FAO. Un groupe multidisciplinaire d’experts sur la bioénergie durable et la sécurité alimentaire provenant d’organismes des Nations Unies, universités, instituts de recherche et ONG sera invité à participer.

2.2 Discuter et mettre au point les principes, critères et indicateurs élaborés dans le cadre des activités 1.2 et 2.1, par des consultations multipartenaires au siège de la FAO et dans les Bureaux régionaux. Les représentants des gouvernements, des associations d’agriculteurs, des entreprises et de la société civile seront invités à participer. Durant ces consultations, des informations seront partagées sur l’état des principes/normes internationales sur la durabilité des biocarburants concernant des aspects non liés à la sécurité alimentaire.

PHASE 3.

3.1 Tester sur le terrain puis mettre au point les critères et indicateurs identifiés dans le cadre des activités 1.2 à 2.2, par des études de faisabilité qualitative dans trois pays pilotes.

3.2 Diffuser les résultats du projet et présenter des propositions d’activités de suivi avec des organisations internationales, les gouvernements concernés et la communauté de donateurs.

3.3 Jeter les bases d’un processus intergouvernemental qui sera convoqué et dirigé par la FAO afin de dégager un consensus international sur les principes, critères et indicateurs identifiés par ce projet.

BFSCI : ses acteurs

Le project BEFSCI est financé par le Ministère Fédéral de l’Alimentation, de l’Agriculture de la Protection des Consommateurs du Gouvernement d’Allemagne.

Il est mis en œuvre par la Division FAO de l’environnement, des changements climatiques et de la bioénergie faisant partie du Département de la gestion des ressources naturelles et de l’environnement.

Pour plus d’informations et contact BEFSCI :

Pour plus d’information, voir la page

Tel : +39 06 570 55376

Fax : +39 06 570 53369

Courriel : BEFSCI-Project@fao.org

René Massé

Argentine : XIIIème Congrès Forestier mondial et Forum sur les Forets et l’énergie

Le XIIIe Congrès Forestier Mondial s’est tenu à Buenos Aires (Argentine) du 18 au 25 octobre 2009. Le Congrès a organisé un Forum sur les forêts et l’énergie. Son objectif était de fournir un aperçu rapide de la situation actuelle, à partir de la contribution du bois au secteur de la bioénergie jusque aux techniques actuelles et émergentes, y compris les impacts économiques et environnementaux. Le Forum se proposait d’aider les responsables des politiques forestières à élaborer des politiques et des mesures susceptibles d’équilibrer les risques et les opportunités au sein du secteur.

Le XIIIème Congrès Forestier mondial

Sept thèmes principaux ont structuré les travaux du Congrès forestier mondial, qui couvrent la majorité des aspects touchant aux forêts et aux produits et services que celles-ci génèrent. Certains thèmes concernent partiellement ou entièrement les problématiques de bois énergie dans les pays en développement. Nous ne rapportons ci-après que ces sous-thèmes en relation avec l’énergie :

Thème 1. Forêts et biodiversité

- Déforestation et fragmentation des forêts-
- Causes de déforestation, stratégies pour réduire la déforestation

- Restoration, déboisement et désertification.

- Variation génétique en relation avec l’utilisation.

Thème 2. Produire pour le développement

- Forêts et énergie :
Production et utilisation de feu de bois.

Biocombustibles industriels.

Plantations de bois d’énergie.

Cogénération.

Aspects économiques.

Impacts sur les écosystèmes.

Externalités de la production de bioénergie.

Politiques et planification.

Thème 3. Les forêts au service des populations

- Forêts et changement climatique

- Foresterie Urbaine : impact sur le bilan énergétique

Thème 4. Entretien de nos forêts

- Les forêts et le feu

Thème 5. Les opportunités de développement

- Viabilité et rentabilité économique : rentabilité de la gestion durable des forêts et des aspects qui la détermine.

- Commerce des produits forestiers

- Les forêts et la lutte contre la pauvreté : impact socio-économique du secteur forestier.

Thème 6. Organisation du développement forestier

- Processus de critères et indicateurs pour la gestion forestière durable.

- Le secteur forestier au sein des politiques de développement

- Exploitation et le commerce illégal

- Recherche, vulgarisation et éducation
- Politiques et influences intersectorielles
- Apport du secteur forestier aux économies nationales et locales

Thème 7. Interaction harmonieuse entre l’homme et les forêts

- Régimes fonciers : régimes fonciers et leur impact sur la gestion durable des forêts ; médiations dans la gestion des ressources naturelles

- Populations autochtones, communautés et organismes
- Connaissances traditionnelles, valeurs sociales, culturelles et spirituelles

- Modèles de gestion des ressources naturelles

- Gestion et procédés participatifs

Forum sur les forêts et l’énergie

L’emploi du bois pour la production d’énergie est une composante importante du secteur bioénergétique car le bois sert tant pour le chauffage, la cuisson des aliments (bois de feu) et la production d’électricité que, depuis quelques années, pour la préparation des biocombustibles liquides.

L’utilisation de bois pour la fabrication de biocarburants liquides devrait s’accentuer dans les prochaines années, posant de nouveaux défis au secteur forestier : tendance à convertir les forêts en cultures bioénergétiques.

L’objectif de ce forum était de :

- évaluer et décrire l’état actuel des connaissances sur les risques et les opportunités pour le secteur forestier des futurs marchés bioénergétiques ;

- aider les responsables des politiques forestières à fournir des données en connaissance de cause aux débats nationaux et internationaux sur la bioénergie.

Le document proposé en téléchargement ci-dessous présente de façon plus détaillée ce Forum et son programme.

Pour plus d’informations sur le Congrès et sur le Forum

- Voir le site officiel du Congrès (en anglais et espagnol) ;
- et ces pages du site de la FAO.

René Massé

Rapport du PNUE sur la production durable et l’usage des biocarburants

Ce rapport du Groupe international pour la gestion durable des ressources, créé sous l’égide du Programme des Nations unies, fournit une vue d’ensemble des problèmes clés et perspectives sur la production durable et l’usage des biocarburants.

Il est basé sur une étude bibliographique approfondie, en prenant en compte les récentes critiques majeures, et en envisageant un large éventail d’opinions divergentes des experts du monde entier. L’accent est mis sur ce qu’on appelle les biocarburants de première génération tout en considerant les autres lignes du développement. Cette orientation est basée sur l’état de l’art et la disponibilité des données jusqu’à la fin de 2008. Les avantages potentiels et les impacts des biocarburants de deuxième et troisième génération – de préférence dénommée « biocarburants avancés » – sont partiellement inclus, et pourrait faire l’objet d’un rapport spécifique à un stade ultérieur.

« Toward sustainable production and use of resources : Assessing biofuels »

Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), 1er octobre 2009, 120 pages (en anglais)

Biocarburants : le PNUE prône des méthodes de production "durable"

Le Programme des Nations Unies pour l’Environnement a estimé le 16 octobre 2009 que les politiques d’incitation à l’utilisation des agrocarburants devront « être revues » et les objectifs de production « réajustés à des niveaux qui puissent être atteints de manière durable ».

« Il ne faut considérer les biocarburants ni comme la panacée, ni comme un paria mais comme toutes les technologies, ils constituent à la fois une chance et un défi », a déclaré dans un communiqué le directeur du PNUE, en présentant le premier rapport publié par les d’experts du Groupe international pour la gestion durable des ressources, créé sous l’égide du Programme des Nations unies. Car la question des agrocarburants fait débat : ceux de première génération (éthanol produit à partir du sucre de canne ou du maïs, biodiesel issu du soja, huile de palme ou de colza) sont accusés de concurrencer les cultures d’alimentation pour un bilan énergétique mitigé.

Si le rapport rappelle qu’environ « 8 à 34% des terres cultivables seraient nécessaires, avec les technologies actuelles de première génération, pour fournir 10% de la demande de carburants dans les transports », il souligne également que la contribution des agrocarburants à la lutte contre l’effet de serre dépend de la façon dont ils sont produits. Ainsi, selon le PNUE, la production et l’utilisation de biodiesel de palmiers à huile cultivés sur des tourbières tropicales peut multiplier par 20 les émissions de gaz à effet de serre par rapport aux combustibles fossiles alors que les émissions pourraient être limitées si « les palmiers à huile ou le soja sont cultivés sur une terre abandonnée ou dégradée », explique-t-il.

Limiter les impacts des agrocarburants

Selon le PNUE, un agrocarburant aura donc « un impact limité » sur le climat, s’il est produit à partir de cultures de résidus ou de déchets. Ainsi, l’éthanol produit à partir du sucre de canne au Brésil, et utilisant en partie des déchets fibreux, appelés bagasse, est considéré « comme ayant un effet positif sur le climat ». L’éthanol issu du traitement du maïs peut être 60% plus économe en émissions de CO2 que l’essence, ou 5% plus producteur de ces émissions, en fonction de l’efficacité des méthodes de production.

Selon le rapport, le biodiesel produit à partir de l’huile de palme pourrait également réduire de 80% les émissions de GES comparé à l’essence. Mais le même procédé peut multiplier par 8 les émissions de gaz à effet de serre, toujours comparé à l’essence, s’il a fallu détruire une forêt tropicale pour produire cette huile de palme, et par 20 s’agissant d’une tourbière. Parmi les agrocarburants pouvant réduire les émissions de GES, le rapport cite également le biogaz, l’éthanol de deuxième génération ou encore le jatropha, s’il est cultivé dans des terres dégradées. Les experts proposent également de renforcer les recherches sur les agrocarburants de deuxième ou troisième génération comme les algues marines. Ils recommandent également, à partir d’une évaluation du cycle de vie « de tenir compte des aspects environnementaux plus larges comme les émissions de gaz à effet de serre liées aux engrais, à l’impact sur l’eau et les implications sur l’utilisation des terres ».

Plus de 4 milliards de dollars US ont été investis dans la capacité de production d’agrocarburants en 2007.


Source : un article de R. Boughriet sur Actu-environnement

Xavier Dufail

Facilité ACP-EU pour l’Energie : l’Union européenne accorde une aide de 200 millions d’EUR pour améliorer l’accès à l’énergie dans les pays ACP

La Commission européenne a annoncéle 4 novembre 2009 à Bruxelles, le lancement de la deuxième phase de la Facilité ACP-UE pour l’énergie financée sur le 10 e Fonds européen de développement (FED) pour la période 2009‑2013.

Après une première phase de mise en œuvre réussie, l’Union européenne et le Groupe des États ACP sont convenus de consacrer 200 millions d’EUR pour financer la poursuite des activités destinées à améliorer l’accès des populations pauvres à des services énergétiques compatibles avec le développement durable et peu coûteux, ainsi que de contribuer à la lutte contre le changement climatique en s’efforçant de trouver des solutions qui privilégient les énergies renouvelables et de prendre des mesures d’efficacité énergétique.

Karel De Gucht, membre de la Commission chargé du développement, a déclaré : « Pour un véritable développement économique et social des pays les plus pauvres du monde, il faut un accès à des services énergétiques fiables. La Facilité pour l’énergie contribuera à la réalisation de cet objectif tout en favorisant une meilleure efficacité énergétique et des solutions énergétiques propres, deux points essentiels au moment où les pays en développement se rallient, eux aussi, à la cause que constitue la lutte contre le changement climatique. »

Dans la plupart des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, seuls 10 % de la population rurale ont accès à des services énergétiques modernes et compatibles avec le développement durable. Par ailleurs, l’utilisation de combustibles traditionnels, qui provoquent une pollution de l’air à l’intérieur des bâtiments, peut entraîner des problèmes de santé et des décès. Elle est également à l’origine d’une dégradation de l’environnement à cause du déboisement dû à une mauvaise exploitation des ressources naturelles utilisées pour ces combustibles.

La nouvelle Facilité pour l’énergie s’attaque à ces problèmes en cofinançant des projets destinés à améliorer l’accès des populations rurales pauvres des pays ACP à des services énergétiques de meilleure qualité. Dans le cadre de la lutte contre le changement climatique, elle accordera la priorité aux projets qui favorisent l’utilisation de sources d’énergie renouvelable, telles que les systèmes solaires, les parcs éoliens, l’énergie hydraulique, la biomasse (biocarburants et biogaz) et les systèmes géothermiques, ainsi que l’efficacité énergétique dans les bâtiments publics et privés, par exemple en encourageant le remplacement des ampoules énergivores par des ampoules plus performantes. La Facilité pour l’énergie financera également des opérations en faveur de la bonne gouvernance et du renforcement des capacités dans le secteur de l’énergie aux niveaux local, national et régional. Elle cofinancera des projets au moyen d’appels à propositions, dont le premier sera lancé en novembre, et de deux nouveaux instruments de cofinancement, à savoir un mécanisme de mise en commun faisant intervenir des institutions de financement et le secteur privé et une aide financière pour la bonne gouvernance énergétique grâce à l’initiative de l’Union européenne pour l’énergie intitulée « Facilité de dialogue et de partenariat ».

La Facilité pour l’énergie a déjà fait ses preuves en attirant des fonds supplémentaires de plusieurs millions d’euros cofinancés par le secteur privé, les ONG, les États membres de l’UE et les institutions financières internationales. Près de sept millions de personnes ont bénéficié des 74 projets financés par la Facilité ACP-UE pour l’énergie à concurrence de 196 millions d’EUR sur les 430 millions d’EUR que représente le coût total des projets. La Facilité pour l’énergie a également recueilli plus de 230 millions d’EUR cofinancés par les secteurs public et privé. 97 % des projets financés ont porté sur la production d’énergie à partir de sources renouvelables et de solutions hybrides. La nouvelle Facilité pour l’énergie, dotée de nouveaux instruments de cofinancement, devrait profiter à un nombre encore plus important de personnes vivant dans les zones rurales et périurbaines.

Historique

Créée en 2004, la Facilité pour l’énergie est un instrument de financement pour la mise en œuvre de l’initiative de l’Union européenne en faveur de l’énergie pour l’éradication de la pauvreté et le développement durable (EUEI). Lancée en 2002 lors du Sommet mondial sur le développement durable, qui s’est tenu à Johannesburg, cette initiative a confirmé l’attachement de l’UE à la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement. La Facilité pour l’énergie est également un instrument de mise en œuvre du partenariat stratégique UE‑Afrique dans le secteur de l’énergie, qui s’inscrit dans la stratégie commune UE‑Afrique et le plan d’action adoptés à Lisbonne en décembre 2007.


Source : un communiqué officiel publié sur le 4 novembre 2009 site Europa.

René Massé

Biocarburants : danger pour le climat ?

Les biocarburants sont-ils perçus comme une solution contre le réchauffement climatique ou risquent-ils de l’aggraver en encourageant la déforestation ? Les détracteurs des biocarburants affirment qu’ils contribuent à émettre d’importantes émissions de CO2.
« Sans changement de comptabilité, l’utilisation des biocarburants aggravera notre problème de gaz à effet de serre plutôt qu’il nous aidera à le résoudre » prédit Jerry Melillo, du Marine Biological Laboratory, un organisme privé de recherche à but non-lucratif. Deux articles (dont un à propos d’une étude du PNUE) publiés sur le site Ushuaïa posent le débat dans des termes similaires.

L’impact des biocarburants n’est pas pris en compte par les principales lois climatiques

Dans les grands pays, les émissions de dioxyde de carbone (CO2) provenant des changements d’utilisation des terres de cultures liées aux programmes de production de biocarburants destinés à réduire l’empreinte carbonique des énergies fossiles, ne sont pas prises en compte.

Le protocole de Kyoto, le système de marché de droits d’émissions carboniques de l’Union européenne et le projet de loi sur le climat adopté cet été par la Chambre américaine des représentants exemptent les émissions de CO2 provenant de la production de biocarburants, quelle que soit l’origine de la biomasse, expliquent-ils. Cette exemption permet la production de biocarburants, même après une déforestation pour planter du soja, de la canne à sucre ou des palmiers à huile.

Suivant l’utilisation des terres la production de biocarburants peut générer d’importantes émissions polluantes

Un modèle informatique montre que « les différents modes d’utilisation des terres dans le cadre de programmes intensifs pour produire des biocarburants peuvent aboutir à d’importantes émissions polluantes ».

Ce résultat a été obtenu avec les deux hypothèses retenues pour ce modèle : la première consiste à convertir des zones naturelles, y compris des forêts, pour répondre à la demande croissante de biocarburants, tandis que la seconde privilégie une utilisation plus intensive des terres déjà cultivées.

La production des biocarburants sur le point de s’étendre ?

Le modèle prédit que les surfaces consacrées à la production de biocarburants vont devenir plus étendues que les terres de cultures d’ici la fin du 21e siècle, entraînant d’importantes émissions de CO2 selon la biomasse utilisée.

« Le potentiel des biocarburants pour réduire les émissions de CO2 dépend de la source de la biomasse et des effets de celle-ci sur l’utilisation des terres » expliquent ces chercheurs.

Un rapport du PNUE sur les biocarburants !

Le programme de l’ONU pour l’environnement (PNUE) estime dans un rapport que « les politiques d’incitation à l’utilisation de biocarburants devront être revues et les objectifs devront être réajustés à des niveaux qui puissent être atteints de manière durable ».

Les biocarburants, présentés par leurs producteurs comme une alternative aux sources d’énergie fossile émettrices de gaz à effet de serre, sont accusés par leurs détracteurs d’accaparer des terres agricoles nécessaires pour nourrir la planète. « Environ 8 à 34 % des terres cultivables seraient nécessaires, avec les technologies actuelles de première génération, pour fournir 10 % de la demande de carburants dans les transports » relève le rapport.

Les biocarburants, ont-ils des effets positifs sur le climat ?

Au Brésil, l’éthanol produit à partir du sucre de canne et de déchets fibreux, appelés bagasse, est considéré « comme ayant un effet positif sur le climat ». L’éthanol issu du traitement du maïs peut être 60 % plus économe en gaz à effet de serre que l’essence, ou 5 % plus producteur de ces mêmes gaz, en fonction de l’efficacité des méthodes de production.

Idem pour le biodiesel produit à partir de l’huile de palme ! Il peut faire économiser 80 % de gaz à effet de serre comparé à l’essence.

Mais le même procédé peut multiplier par 8 les émissions de gaz à effet de serre, toujours comparé à l’essence, s’il a fallu détruire une forêt tropicale pour produire cette huile de palme, et par 20 s’il a fallu sacrifier une tourbière, souligne le rapport.


Source : deux articles publiés le 21 octobre 2009 sur cette page du site Ushuaïa, et le 24 octobre 2009 sur cette page du site Ushuaïa

René Massé

“Making Sustainable Biofuels Work for Smallholder Farmers and Rural Households”

Ce document présente un aperçu des principaux risques et opportunités pouvant naitre de la production et de l’utilisation des biocarburants liquides dans les pays en développement. Il examine aussi bien les impacts potentiels sur l’environnement que les effets socio-économiques, en ciblant en particulier les répercussions au niveau des ménages.

Il émet en outre des recommandations sur la façon de limiter au minimum les risques et d’exploiter le potentiel de développement rural et de réduction de la pauvreté offert par les biocarburants liquides.

“Making Sustainable Biofuels Work for Smallholder Farmers and Rural Households” Issues and Perspectives

Andrea Rossi & Yianna Lambrou, Food and Agriculture Organization of the United Nations (FAO), Rome, 2009, 34 pages.

 

France : World Ethanol 2009 à Paris

Cette 12ème conférence annuelle se tiendra à Paris, du 2 au 5 novembre 2009.

Cette conférence vous permettra d’identifier des opportunités dans le marché de l’éthanol et de faire du business avec des leaders présents sur l’ensemble de la chaîne de valeur à travers le monde.

En assistant aux évaluations du développement mondial de l’industrie de l’éthanol incluant les USA, le Brésil, l’Europe et l’Asie, aux présentations sur les principaux marchés, ainsi qu’aux débats sur les technologies de nouvelles générations et les questions stratégiques pour l’industrie, l’Éthanol Mondial 2009 se propose de vous donner une vision complète du secteur.

Plus de renseignements sur le site en anglais de la conférence


Source : un article publié sur le site Transfert de technologie et savoir-faire innovants en Languedoc-Roussillon.

René Massé