
Les acteur·rice·s (des secteurs publics, privés, ONG) se penchent sur la question de l’électrification rurale afin de développer de nouvelles solutions technologiques et commerciales alternatives à l’extension du réseau difficilement viable dans certains contextes notamment ruraux. Jusqu’à présent, ces acteur·rice·s se sont principalement concentré·e·s sur des solutions d’électrification de type kiosques, mini-réseaux, ou Zone d’Activité Electrifiée (ZAE). Cependant, le coût du raccordement et de la fourniture est souvent hors de portée des plus vulnérables et des services publics, dont le budget consacré à l’énergie est en général quasi nul.
Face à ce constat, Électriciens sans frontières s’est penché sur le développement de la solution « Café Lumière », dont l’objectif est de venir compléter le triptyque classique « extension du réseau / mini-réseau / kits solaires », afin d’améliorer les conditions de vie et le développement économique des communautés rurales dans toutes leurs composantes, y compris les services publics et les ménages les plus défavorisés.
Concrètement, pour les bénéficiaires, Café Lumière prend la forme d’une boutique alimentée par une centrale solaire photovoltaïque sécurisée par un groupe électrogène (formant une « plateforme énergétique multiservice ») qui permet d’accéder à des services énergétiques (recharge de lampes et de téléphones, froid, location/vente de kits solaires, etc.) et d’un espace accueillant les activités productives souhaitant bénéficier d’électricité. Il est de ce fait aussi possible d’être alimenté en électricité directement depuis le Café Lumière, grâce à des raccordements de proximité, à la fois pour les activités productives et pour les services collectifs.
La solution, reposant sur un partenariat public privé, est opérée par un délégataire appuyé sur le terrain par Électriciens sans frontières et par des organisations de la société civile (associations et ONGs locales), notamment en matière de prospection commerciale, de renforcement des capacités des acteurs économiques, de sensibilisation auprès des particulier·e·s et des relations avec les autorités.
Un premier projet pilote à Madagascar, maintenant achevé, a permis d’électrifier 6 communes rurales via l’installation de Cafés Lumière. L’exploitation des centrales repose sur un partenariat public privé entre le délégataire ANKA Madagascar en charge de l’exploitation, l’ADER, propriétaire des installations, et Électriciens sans frontières, porteur de la solution.
A la suite d’une première réplication en cours au Bénin (4 Cafés Lumière), Électriciens sans frontières initie aujourd’hui un programme déployé dans 22 villages ruraux d’Afrique à Madagascar, au Bénin et au Togo. 12 villages seront concernés par la construction de nouveaux Cafés Lumière (2 au Bénin, 4 à Madagascar et 6 au Togo). Les 10 villages qui bénéficient de Cafés Lumière déjà existants ou en fin de construction bénéficieront d’activités d’accompagnement (4 au Bénin, 6 à Madagascar).
Le programme en cours de déploiement a vocation à s’insérer en bonne intelligence dans les politiques nationales d’accès à l’énergie des pays concernés et associe les acteurs publics de manière étroite, dans une logique de co-construction. Le caractère innovant de la solution Café Lumière peut parfois se heurter à la réglementation et au cadre institutionnel, ces derniers étant construits pour s’adapter aux solutions « classiques » destinées à être déployées massivement de manière standardisée. L’introduction d’une solution innovante peut occasionner notamment une redéfinition du rôle et des responsabilités des différents acteurs, un besoin d’adaptation technique et organisationnel, qui peut entrainer une confusion quant au positionnement de chacun, ainsi que des difficultés d’agir en synergie.
Par exemple, un Café Lumière aura une puissance installée plus faible que la plupart des mini réseaux, proposera un ensemble de services liés à l’électricité et non la simple fourniture d’électricité (difficile à intégrer dans les documents conventionnels). En outre, certains cadres réglementaires prévoient qu’une même organisation doit déployer l’infrastructure et également l’exploiter, alors que le modèle adopté pour les Cafés Lumière consiste à dissocier ces deux rôles.
C’est pourquoi, Électriciens sans frontières entretient des relations nourries avec les pouvoirs publics et en premier lieu les agences d’électrification rurale, et échange le plus en amont possible sur les spécificités liées au modèle Café Lumière afin de s’assurer de sa bonne intégration dans le paysage réglementaire.
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