La publication de ce rapport fait suite à une première analyse publiée en 2019 par l’IRENA (Agence Internationale des énergies renouvelables). Son objectif est d’évaluer la participation des femmes dans l’emploi lié aux renouvelables à l’échelle mondiale, d’identifier les inégalités structurelles et les obstacles et de formuler des recommandations pour favoriser une transition énergétique plus équitable et inclusive. 

Résumé en chiffres   

« Nous ne pouvons pas changer ce que nous ne mesurons pas. Malgré la reconnaissance mondiale du lien entre genre et énergie, l’ODD 7 reste l’un des rares objectifs sans indicateur de genre dédié. Cette invisibilité entrave la conception de politiques efficaces, masque les inégalités et affaiblit la responsabilité. » (p.96) 

  • Les femmes représentent 32 % de l’emploi à plein temps dans le secteur des énergies renouvelables, ce qui est un peu plus élevé que dans le secteur énergétique global mais loin d’atteindre la parité.
  • De plus, en analysant les catégories d’emplois plus finement, la représentation des femmes chute dans les rôles techniques et de direction : elles sont environ 28 % dans les postes STEM (science, ingénierie, tech), 22 % dans les métiers techniques/moyennement qualifiés (installateurs, opérateurs, construction, etc.), et 19 % dans les postes de direction ou de conseil d’administration.
  • Leur représentation varie également selon le type d’organisation : le monde associatif atteint presque la parité (48%), loin devant les entreprises privées « commerciales » qui plafonnent autour de 25 %

→ En dépit de l’expansion rapide prévue du secteur, avec des millions de nouveaux emplois potentiels d’ici 2030, la représentation des femmes n’a quasiment pas progressé depuis 2019. 

Quant est-il dans le secteur de l’accès à l’énergie ?  

Les données de l’enquête indiquent que les femmes représentent environ 35 % de la main-d’œuvre dans les organisations engagées dans l’accès à l’énergie. Cependant, ce chiffre reflète en grande partie l’emploi au sein des ONG, des organisations de la société civile (OSC) et des agences gouvernementales travaillant sur le développement de projets, les services et le plaidoyer. Cette perspective institutionnelle ne reflète pas pleinement les contributions des femmes en tant que responsables principales de l’énergie au sein du foyer, entrepreneures à petite échelle et actrices communautaires qui restent souvent invisibles dans les données d’emploi formelles. 

Par conséquent, le rapport appelle à des recherches supplémentaires et à des stratégies d’inclusion pour mieux saisir et valoriser les expériences et les contributions des femmes en matière d’accès à l’énergie. 

Pourquoi la participation des femmes dans l’emploi lié aux renouvelables ne progresse-t-elle pas ?  

Les femmes atteignent un plafond de verre dans le secteur : elles sont présentes, souvent en majorité, dans les postes administratifs, de support ou de projet, mais restent marginalisées dans les fonctions techniques, de terrain ou de direction pour des raisons structurelles.  

Les résultats de l’enquête montrent que seulement 41 % des répondants masculins perçoivent que les femmes travaillant ou cherchant un emploi dans le secteur des énergies renouvelables rencontrent des barrières liées au genre. Les réponses des participantes féminines reflètent une réalité très différente avec 60 % d’entre elles indiquant avoir rencontré de telles barrières.  

L’IRENA identifie trois grandes catégories de défis à leur participation :  

  • Contraintes sociétales : normes culturelles et sociales, lois et politiques discriminatoires. Les résultats montrent que les stéréotypes sur les rôles de genre représente un défi bien plus significatif que les biais culturels. L’accès des femmes à l’économie en général est largement accepté mais certains secteurs, comme celui des énergies renouvelables, restent en retard car ils ne sont pas associés au type de travail qu’elles devraient exercer selon la norme. 
  • Barrières liées aux compétences, à l’éducation et au développement professionnel. Les répondant·es soulignent notamment un manque de lien entre l’éducation et l’emploi, en raison de l’absence de structures soutenant la progression professionnelle des femmes. Cela inclut le mentorat, les opportunités de réseautage, ainsi que la formation au leadership, qui a été identifiée comme l’obstacle le plus important pour progresser vers des postes de direction, où les programmes d’avancement sont rares et souvent inaccessibles. 
  • Barrières sur le lieu de travail : pratiques d’embauche biaisées et/ou restrictions dans l’environnement de travail affectant de manière disproportionnée les femmes. Les barrières sur le lieu de travail ont été indiquées comme le défi le plus important pour les femmes travaillant ou cherchant un emploi dans le secteur, tandis que les barrières liées aux compétences, à l’éducation et au développement professionnel ont été classées comme le défi le moins important. Les résultats montrent également que les obstacles s’intensifient tout au long du parcours professionnel : ils sont plus faibles à l’entrée, plus élevés pour la rétention et plus importants encore pour la progression vers des postes de direction. 

Les répondant·es du continent africain ont accordé une importance plus grande aux barrières sur le lieu de travail (les classant beaucoup plus haut que les deux autres facteurs). Ils ont également jugé les barrières liées aux compétences, à l’éducation et au développement professionnel relativement plus importantes que les répondant·es d’autres régions (avec un classement moyen presque égal à celui des contraintes sociétales).