Sénégal : hausse de 6% des tarifs de l’électricité le 1er novembre 2007 – Quête de rationalité

Malgré les efforts consentis par le gouvernement sénégalais, les tarifs sur l’électricité vont connaitre une hausse de 6%.

Répercussion de la flambé des prix du baril de pétrole sur la facture d’électricité au Sénégal

Des obligations pour rétablir l’équilibre financier de la Sénélec

Dur, dur, mais nécessaire, cette décision gouvernementale d’appliquer la vérité des prix sur les tarifs de l’électricité qui vont augmenter de 6% à partir du 1er novembre 2007, pour répercuter l’évolution du prix du baril de pétrole. Les calculs estimaient la hausse nécessaire à 15% mais finalement, la hausse sera contenue à 6%. C’est ce qu’on appelle un ajustement moyen des tarifs tel qu’annoncé par la Commission de régulation de l’électricité (Crse) et confirmé par le ministre de l’Energie, M. Samuel Sarr.

Il a précisé les principes directeurs de la mesure de hausse : elle se fonde sur la recherche de la « rationalité économique », c’est à dire le recouvrement des coûts de la Sénélec par les recettes de la vente d’énergie.

Or, d’après les calculs effectués par la Crse, la Sénélec supporte un gap de plus de 14 milliards de FCfa avec les tarifs actuellement en vigueur.

Dans ce contexte, le ministre Samuel Sarr a insisté sur la nécessité :

  • de promouvoir simultanément une dynamique d’économie d’énergie. Un groupe de travail a été chargé d’élaborer un plan à cet effet en collaboration avec les associations de consommateurs.
  • d’entreprendre des actions pour redresser la Senelec. l’État a mis au point « un programme d’investissement complémentaire de 520 milliards francs Cfa, dans le but d’accroitre la capacité de production de plus de 600 Mégawatts et de moderniser les réseaux de transport et de distribution, à l’horizon 2012 ».

La réforme institutionnelle de la Sénélec

A l’issue de l’atelier de deux jours du groupe technique ad-hoc chargé de la réforme institutionnelle de la Sénélec et qui portait sur la structure et le schéma institutionnel à retenir, le groupe technique a proposé les orientations suivantes :

  • Promouvoir la garantie et l’amélioration de la qualité de l’approvisionnement et des services de l’électricité dans les meilleures conditions de fiabilité et de sécurité, à terme ;
  • Réduire les coûts de l’électricité ;
  • Augmenter l’accès des populations à l’électricité ;
  • Résoudre le problème du financement du programme d’investissement du secteur ;
  • Accélérer le désengagement de l’État et le recours accru au secteur privé.

Parmi quatre schémas « réalisables » étudiés, ce Groupe technique propose d’aller vers un dégroupage des activités de production et de distribution, avec une participation prépondérante du secteur privé national et étranger dans le capital des structures ciblées.

Le ministre a indiqué que « le gouvernement resterait alors à un niveau de présence lui permettant de veiller à la garantie d’un approvisionnement sécurisé du pays en énergie, au moindre coût ». Dans cette perspective la ministre suggère d’étudier une option « sur le dégroupage du Transport avec une mission d’acheteur unique, sous la coordination d’un holding doté de fonctions transversales ». Cette disposition, indique-t-il encore, aurait le mérite « d’introduire la concurrence, mais aussi l’efficacité du système électrique en s’appuyant sur la spécialisation des métiers, suite au recours au privé qui pourrait jouer le rôle de partenaire technique ».


Source : revue presse de la CEDEAO du 1er au 5 octobre 2007.

Elhadji SYLLA, ASER, René Massé

L’énergie et l’eau au Congo

Présentation du secteur de l’énergie et de l’eau au Congo, faite par le Ministre M. Itoua au Forum EURAFRIC-Partners, tenu à Lyon du 23 au 26 octobre 2007.

Présentation Powerpoint par Monsieur le ministre de l’Energie du Congo
36 pages
Octobre 2007 à Lyon, France

Cette présentation expose des extraits du code de l’eau et du code de l’électricité, le nouvel organigramme des acteurs décisionnels des filières eau et énergie, ainsi qu’une liste de sites identifiés de son pays, valorisables en hydroélectricité.

Pépin Tchouate

Maroc : Conférence internationale sur l’électrification rurale : Appel à communication

Les experts internationaux ont jusqu’au 31 octobre 2007 pour soumettre une intention de communication aux organisateurs. les experts sélectionnés par le Comité scientifique (le 15 novembre) auront jusqu’au 30 novembre 2007 pour remettre leurs écrits et présentations sur Powerpoint définitifs.

La Conférence internationale sur l’Electrification rurale – CIER 2008 – qui se tiendra à Marrakech (Maroc) du 23 au 25 janvier 2008, a déjà été présentée sur ce portail (voir l’article).

Les organisateurs lancent un Appel à communication que vous pourrez télécharger ci-dessous ou retrouver sur le site de CIER 2008. Cet appel s’adresse à des conférenciers qui disposent d’une expertise prouvée dans le domaine de l’électrification rurale et du secteur de l’électricité en Afrique

Si l’organisation ne rémunère pas les intervenants pour leur présentation, par contre les frais de déplacement et d’hébergement seront pris en charge par les organisateurs, suivant des modalités qui seront précisées à chaque intervenant par les organisateurs.

Pour plus d’information sur cette Conférence, vous pouvez visiter le site du CIER 2008.

Les intentions de communication et les documents complets sont à envoyer à Autograph par courriel à : contact@autograph.ma avec copie à M. N. Dhaiby, à dhaiby@one.org.ma.

René Massé

L’électrification des communes rurales par la concession du service public au Burkina Faso : exemple des communes rurales de Bama et de Tanghin-Dassouri

Mémoire de M. Kévin Zossi SANOU pour l’obtention du diplôme d’Administrateur Civil au Burkina Faso. Soutenu en mars 2006, édité par l’Ecole Nationale de l’Administration et de la Magistrature, 93 pages.

Contacts : Tél. : (226) 70 26 51 97 – Dom : (226) 50 33 91 73
Courriel : kevinzos@hotmail.com

Ce mémoire est organisé autour de deux parties comprenant chacune deux chapitres :

- > La 1re partie est consacrée à la présentation de la couverture électrique et des stratégies nationales d’électrification.

- > La 2e partie traite des implications de la concession du service public dans l’électrification des communes rurales, particulièrement celles de Bama et de Tanghin-Dassouri ; deux communes rurales naissantes situées respectivement à l’Ouest et sur plateau Central du pays.

Après un rapide rappel de l’organisation institutionnelle du secteur de l’électricité au Burkina Faso, dominé par la mission de service publique de la SONABEL, l’auteur décrit les nouvelles dispositions applicables aux zones rurales :

« Un projet d’ERD peut partir soit d’une initiative locale, soit relever des priorités fixées par le Plan National d’Electrification (PNE). La localité concernée doit créer une Coopérative d’Electricité (COOPEL) et saisir le Ministère chargé de l’énergie et le Fonds de Développement de l’Electrification (FDE) à cet effet. Si l’étude de faisabilité du projet est avérée, la COOPEL recherche un récépissé de reconnaissance par les autorités et l’Arrêté d’octroi de la Concession de service public. Une Entreprise de construction de centrales et de réseaux électriques est recrutée pour l’implantation du système sous la surveillance d’un Maître d’œuvre et d’ouvrage délégué. Cette entreprise assure la gestion du réseau contre rémunération par la COOPEL. Le Financement du projet est assuré par le FDE : à 60% de subvention non-remboursable, 40% prêt sans intérêts remboursable sur 10 ans avec 3 ans de différé. »

Les enquêtes menées par l’auteur à Bama et à Tanghin-Dassouri auprès des COOPELs et des fermiers ont démontré que les usagers comme les COOPELs sont satisfaits des changements apportés par l’électricité : « l’électricité a révolutionné la qualité de la vie des populations des Communes Rurales qui la considèrent comme un tremplin pour le développement local durable. »

Dans une dernière partie, l’auteur s’est interrogé sur des alternatives aux combustibles pétroliers qui renchérissent le tarif de l’électricité : en particulier, il développe la thèse d’une substitution du gaz oil par des biocarburants qui pourraient être produits au Burkina faso à partir de la Pourghère.

René Massé

Faisabilité d’une micro centrale hydroélectrique, cahier des charges

Ce cahier des charges vise à définir les études et analyses devant être réalisées pour permettre d’apprécier la faisabilité d’un projet de micro-centrale hydroélectrique.
Publication de l’Ademe.

Ce document s’adresse aux investisseurs publics et privés avec, comme objectif essentiel, de leur donner les éléments principaux destinés à étayer leur décision finale d’investissement.

Faisabilité de petites-centrales hydroélectriques

Sommaire

1. Aspects techniques

1.1 Généralités sur le site

1.2 Hydrologie

1.3 Chute

1.4 Sélection du débit d’équipement
1.5 Description du projet

1.6 Estimation de la production

2. Aspects environnementaux

2.1 Milieu physique

2.2 Milieu biologique

2.3 Milieu humain

2.4 Mesures compensatoires

2.5 Analyses ultérieures à prévoir

3. Aspects financiers

3.1 Investissement, exploitation et maintenance

3.2 Recettes d’exploitation

3.3 Compte d’exploitation

4. Aspects administratifs

4.1 Situation administrative actuelle

4.2 Démarches administratives

5. Définition d’un programme

6. Proposition de la maîtrise d’œuvre


Pour en savoir plus, sur les études à mener voir les articles suivants :

> Petites centrales hydroélectriques : les études à mener, mode d’emploi

> Le choix, le dimensionnement et les essais de réception d’une mini-turbine – PACER ;

> Etude de préfaisabilité sur la petite hydroélectricité : liste des points importants à analyser avant d’installer une petite usine hydroélectrique – ESHA ;

> Rénover au lieu d’abandonner : Modernisation et remise en service des petites centrales hydrauliques, critères d’évaluation – DIANE ;

> Comment mesurer la hauteur de chute ? ;

> Comment mesurer le débit d’une rivière ?.

Pour des articles généralistes sur l’hydroélectricité et la micro hydroélectricité voir :

> Hydroélectricité et centrales hydroélectriques : généralités

> Petites centrales hydroélectriques : généralités

Jacques Monvois, Gret, Jérome Levet

"Electricity reform in Chile : lessons for developing countries"

Réforme de l’électricité au Chili : leçons pour les pays en voie de développement.

Le document PDF à télécharger ci-dessous est un document de travail en économie de l’université de Cambridge rédigé par Michael G. Pollitt en 2005.

Ces dernières années, mise à part l’Argentine, le Chili est l’un des seuls pays en voie de développement à avoir engagé et réussi une réforme totale de son secteur électrique.

Cet article retrace l’histoire et évalue la réforme chilienne, qui a débuté en 1982. La grande réussite de la réforme permet d’en tirer les leçons à tous les niveau du secteur : production, transmission, distribution, tarification et environnement institutionnel. Cette expérience globale plaide fortement en faveur de la privatisation du secteur.

René Massé

Déclaration de politique forestière de la république de Côte d’Ivoire (1999)

Cette déclaration présente les orientations générales, les objectifs et les stratégies du nouveau cadre général de politique forestière adopté pour parvenir à une gestion durable des ressources forestières de la Côte d’Ivoire.

L’ensemble du document est à consulter ici

« En 1988, le Gouvernement a adopté un Plan directeur forestier, avec l’objectif de rétablir, à l’horizon 2015, le potentiel productif de la forêt ivoirienne à son niveau du début des années quatre-vingt. Le Projet sectoriel forestier (PSF1), première phase de ce programme, a été exécuté de 1991 à 1996 avec des concours financiers extérieurs.

Dès 1996, le Gouvernement a constaté que, malgré les progrès réels accomplis, les résultats obtenus restaient insuffisants par rapport aux ambitions du Plan directeur forestier. Ainsi l’on constatait : (a) une dégradation continue du patrimoine forestier, avec la poursuite des défrichements dans les forêts classées ; (b) un développement trop lent de la foresterie dans le domaine rural ; (c) certains dysfonctionnements au niveau des structures chargées de la gestion des forêts (Eaux et Forêts, Sodefor) ; (d) un non respect des réglementations forestière et fiscale par un certain nombre d’opérateurs du secteur du bois.

Fort de ce constat, le Gouvernement a entrepris en 1998 un bilan-diagnostic du secteur forestier pour évaluer et réorienter en conséquence sa politique forestière. Sur la base des propositions de nouvelles orientations qui lui ont été présentées pour corriger les déficits constatés et répondre aux problématiques restant posées, le Gouvernement a adopté en août 1999 un nouveau cadre de politique forestière.

La présente déclaration montre tout d’abord comment cette réorientation de la politique forestière s’intègre plus étroitement dans le programme global de redressement économique et social engagé par le Gouvernement et dans quelle mesure elle peut apporter une contribution significative à la réussite de ce programme.

Elle présente ensuite les orientations générales, les objectifs et les stratégies du nouveau cadre général de politique forestière adopté pour parvenir à une gestion durable de ses ressources forestières, ainsi qu’un premier calendrier des mesures annonciatrices de changement que le Gouvernement entend prendre.

Cette déclaration devait être complétée par un plan d’action complet et un calendrier détaillé et réaliste des mesures à prendre pour la mise en œuvre de la nouvelle politique forestière. »

Suite…

René Massé

Economie du bois de feu et environnement au Cameroun

Communication de Claude NJOMGANG lors du colloque international Francophonie et développement qui s’est tenu à Dakar en 2002

La totalité du document est disponible en ligne ici

« Le Cameroun est depuis longtemps affecté par une crise à la fois physique et économique du bois de feu. La crise est physique, puisqu’elle est liée à la déforestation qui affecte particulièrement la zone soudano-sahélienne et la zone de savane. Elle est aussi économique, puisqu’elle résulte de la pression de la demande urbaine de bois sur le couvert boisé.

La politique de gestion des ressources ligneuses est limitée, dans ce contexte, par l’absence d’un cadre formel d’analyse et d’une norme rationnelle de gestion. L’idée de base dans la recherche d’une telle norme, est que le reboisement n’est pas une fin en soi, quelle que soit l’ampleur de la crise du bois de feu. Elle ne doit viser ni plus ni moins qu’à restaurer l’équilibre, défini par référence au taux d’exploitation compatible avec l’auto-régénération de la ressource ligneuse.

Le cadre d’analyse proposé dans cet article repose sur la recherche d’une définition opérationnelle de la crise du bois de feu, et sur un modèle théorique du prix d’équilibre conçu comme une norme de reboisement. L’économie du bois de feu nous offre un cadre d’analyse mettant en évidence l’importance de l’interface économie –environnement pour une gestion durable de la ressource ligneuse. »

Suite…

René Massé

La petite hydroélectricité pour le développement : position de l’ONG Practical Action

Cette article est une traduction libre de l’article : « Small scale hydropower » diffusé sur le site internet de l’ONG Practical Action Introduction : la position de l’ONG Practical Action sur le développement de la petite hydroélectricité Les liens entre énergie et lutte contre la pauvreté et la contribution que pourraient avoir les énergies renouvelables dans le développement de l’électrification rurale, ont été clairement établis depuis une vingtaine d’années. Utilisée depuis des siècles pour faire (…)

Cette article est une traduction libre de l’article : « Small scale hydropower » diffusé sur le site internet de l’ONG Practical Action

Introduction : la position de l’ONG Practical Action sur le développement de la petite hydroélectricité

Les liens entre énergie et lutte contre la pauvreté et la contribution que pourraient avoir les énergies renouvelables dans le développement de l’électrification rurale, ont été clairement établis depuis une vingtaine d’années.


pelton

Utilisée depuis des siècles pour faire fonctionner les moulins, l’énergie hydraulique est une solution énergétique propre et renouvelable bien connue. Aujourd’hui, elle est principalement utilisée pour produire de l’électricité.

Selon Practical Action la petite hydroélectricité est l’une des meilleures solutions pour l’électrification rurale décentralisée des populations les plus isolées. Elle devrait par conséquent être d’avantage mise en avant par les gouvernements et agences de coopération internationale.

Afin de mieux comprendre les mécanismes assurant un développement durable de services électriques basés sur la petite hydroélectricité décentralisée, d’importantes activités de recherches ont été effectuées par de nombreuses institutions internationales (Banque mondiale, Unido, DFID, GTZ, Skat, Practical Action…). Ces études ont identifié quelles étaient les meilleures pratiques pour assurer son développement.

Il s’agit :

  • de l’existence de bonnes pratiques de gouvernance ;
  • du choix de tarifs et de modèles de gestion appropriés aux populations desservies ;
  • de l’importance de la participation de la communauté dans toutes les étapes d’exécution d’un projet ;
  • du développement des compétences au niveau local et national dans l’appropriation de ce nouveau service.

Dans différents pays en voie de développement, les exemples de projets réussis dans ce domaine attestent de la pertinence de ce choix pour l’électrification rurale.

Ils ont particulièrement montré :

  • l’adaptabilité de la technologie aux conditions locales ;
  • la durabilité des installations ;
  • la contribution positive de ces projets pour le développement.

Pourtant pendant les dernières décennies, peu a été fait pour favoriser le développement de la petite hydroélectricité. Les organismes importants comme la banque mondiale et le Pnud, soutenus par de grands groupes industriels (Shell, BP, Kyosera, Total) favorisant le développement d’autres options énergétiques, notamment des systèmes photovoltaïques.

Contexte

La première centrale hydroélectrique a été installée dans le Wisconsin (Etats-Unis) en septembre 1882 seulement trois années après l’invention de l’ampoule par Thomas Edison. Ainsi, dès les débuts de l’électricité, l’hydroélectricité est devenue un important mode de production électrique : elle contribue aujourd’hui à pratiquement 20% de la production mondiale [1].

Pourtant, depuis plusieurs années, on constate un baisse de l’intérêt pour la petite hydroélectricité. Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène :

  • la croissance rapide et globale de la demande électrique qui a favorisé le développement de grandes installations ;
  • le développement d’autres technologies ;
  • le développement massif de groupes électrogènes diesel portatifs relativement facile à installer et à approvisionner.

Plus récemment, crise énergétique, changements climatiques, faible taux d’accès à l’énergie dans les PVD et objectifs du millénaire font évoluer les mentalités. Tous les modes de production énergétiques sont passés en revue, notamment les modes de production décentralisés qui peuvent jouer un rôle dans le développement des populations pauvres et isolés des PVD. Il s’agit des panneaux solaires, des générateurs utilisant la biomasse, des petites éoliennes et bien sûr des petites installations hydroélectriques.

Les besoins énergétiques des populations pauvres des PVD

C’est pratiquement deux milliards de personnes dans le monde qui n’ont aucun accès à l’énergie électrique [2]. Les zones rurales des pays en voie de développement sont très majoritairement touchées car l’extension du réseau vers ces zones isolées n’est pas rentable et le coût élevé du carburant, la difficulté de garantir son approvisionnement et le manque d’assistance technique ne permettent pas d’y installer de petits générateurs diesel.

Faible puissance demandée, mais grand nombre de clients, la demande énergétique du milieu rural des PVD possède des caractéristiques particulières qui doivent être prises en compte.

Elle concerne principalement les besoins d’éclairage, d’information et de communication, de sécurité et de transformation agricole [3]. La puissance demandée pour ces usages varie en moyenne de 50W à 200W par ménage, pour une atteindre une consommation mensuelle d’au moins 50 kWh par famille et par mois.

Ces faibles consommations énergétiques fournissent pourtant des avantages importants : diffusion de l’information par la radio ou la TV (campagnes de vaccination, diffusion des maladies…) [4].

La petite hydroélectricité pour le développement des ressources locales

Pour répondre à la demande rurale, les petits cours d’eau qui disposent d’une pente raisonnable et d’un débit de plusieurs litres par seconde, peuvent être exploités par des petites centrales hydroélectriques.

La plupart des pays en voie de développement disposent d’un abondant potentiel de développement de cette technologie, qui pourrait ainsi alimenter de nombreux villages isolés.

A la différence des installations hydrauliques anciennes (moulins), une installation hydroélectrique exige :

  • des machines modernes, efficaces, rapides et puissantes ;
  • des instruments de contrôle et de commande modernes ;
  • une installation et une maintenance appropriée et soignée ;

L’électricité est un produit moderne qui apporte de grands avantages mais demande également une grande attention afin d’éviter les accidents et de garantir la durabilité des installations.

Selon l’expérience de Practical Action la petite hydroélectricité est l’un des modes de production d’énergie renouvelable les plus adaptés aux conditions locales des zones rurales des PVDs et qui garantit le mieux un développement durable des populations. Bien accompagné, un tel projet peut être entièrement géré par ses utilisateurs [5], réduisant ainsi les frais de fonctionnement et favorisant le développement local à tous les niveaux.

La petite hydroélectricité : une énergie rentable


photo micro centrale

Pendant des années, les coûts moyens de la petite hydroélectricité mis en avant par les constructeurs et les bureaux d’études internationaux étaient de l’ordre de 3500 $ à 15000 $ par kW installé, soit en gros de 1200 $ à 5000 $ par maison connectée [6]. Des chiffres bien trop élevés pour les bailleurs de fonds et les gouvernement qui l’ont donc écartée des programmes d’électrification pendant près de 40 ans.

Cependant, plusieurs institutions travaillant dans les PVD avancent aujourd’hui des chiffres bien moins élevés. Avec plus de 25 ans d’expérience dans le développement de la petite hydroélectricité sur tous les continents, Practical Action affirme qu’elle est en réalité d’une solution très bon marché par rapport aux autres technologie d’électrification rurale.

A puissance équivalente, le coût d’investissement d’une petite centrale hydroélectrique est certes plus élevé que celui de son concurrent direct, le générateur diesel.

Cependant, la maturité de cette technologie, de loin la plus grande parmi tous les modes de production d’électricité renouvelable, qui lui assure une longue durée de vie et lui permet de s’adapter aux conditions particulière des PVD diminue son coût relatif.

Par ailleurs, le transfert de technologies et de savoir faire a permis peu à peu de développer des compétences locales en la matière : construction locale des équipements éventuellement avec des matériaux alternatifs, conception, gestion des systèmes par les bénéficiaires. Plusieurs pays ont ainsi développé des compétences suffisantes pour évaluer leurs ressources et concevoir leurs installations, fabriquer leurs équipements et les installer et ceci à des coûts très concurrentiels.

Ainsi, en faisant appel à des technologies appropriées et en utilisant les compétences et les matériaux locaux, les frais d’investissement d’un projet de petite hydroélectricité peuvent s’en trouver fortement diminués. Il est ainsi parfois possible de se procurer des équipements construits localement pour la moitié voire le tiers de leurs équivalents importés.

A partir des ses expériences au Pérou, au Sri Lanka, au Népal et dans de nombreux autres pays, Practical Action estime que le coût d’une installation hydroélectrique se situe en réalité entre 1500 $ et 3000 $ par kW installé ce qui revient en gros à un investissement de 500 $ à 1000 $ par maison connectée [7].

Enfin, les frais de fonctionnement d’une centrale hydroélectrique sont très faibles, puisque, à la différence d’un groupe thermique, elle ne nécessite pas d’approvisionnement en carburant .

Ainsi Practical Action a démontré, qu’en ayant recours à des technologies appropriées, des modes de gestion adaptées et efficaces, le coût du kWh généré par une micro centrale hydroélectrique, peut atteindre la moitié du coût généré par une petite éolienne construite localement, le dixième de celui généré par une installation photovoltaïque domestique et de la moitié au quart de celui généré par une groupe thermique diesel [8].

Par conséquent, selon l’ONG, si les ressources hydrauliques sont disponibles, pour des raisons de coût, c’est toujours l’hydroélectricité qu’il faut privilégier pour l’électrification rurale, les autres modes d’approvisionnement électrique pouvant éventuellement intervenir en complément.

La petite hydroélectricité : une énergie durable

Les petites installations hydroélectriques ont peu d’impact sur l’environnement.

En effet, elles font généralement appel à des structures simples et ne modifient que très légèrement l’écoulement du cours d’eau sur lesquelles elles sont construites : elles sont généralement conçues pour n’en utiliser qu’une partie qui de plus retourne à son lit original quelques centaines de mètres à l’aval des installations. L’impact sur la faune et la flore est donc minimal.

La petite hydroélectricité est une énergie propre : elle ne produit ni émission de chaleur ni émissions de gaz à effet de serre.

Elle utilise des ressources et des technologies locales qui peuvent facilement être comprises par la population qui peut ainsi largement participer à la construction et au suivi des installations. Les expériences menées dans plusieurs pays montrent que lorsque le transfert de technologie a été correctement mené, les populations gèrent facilement les systèmes, conduisent les petites réparations et remplacent les pièces usagées ce qui pérennise les projets.

La petite hydroélectricité pour le développement des usages productifs de l’électricité

La petite hydroélectricité est un excellent moyen de favoriser le développement des utilisations productives de l’électricité car :

  • les ressources hydrauliques sont prévisibles et peuvent produire de l’électricité 24 heures sur 24, elles peuvent ainsi être employées pour l’approvisionnement des services de base comme l’eau potable, les services de santé, la communication… ;
  • ses coûts de production sont faibles, elle peut donc permettre le développement de projets énergivores : poulailler, scieries, transformation agricole, réfrigération… ;

La puissance installée est généralement choisie pour faire face à la future croissance de demande sur des 25 à 30 années à venir. Elle est donc bien supérieure à la demande calculée au moment du montage du projet. Ainsi dimensionnées, les installations hydroélectriques génèrent un approvisionnement énergétique important, et par ailleurs continu, qui peut entrainer, si le marché et les conditions tarifaires le permettent, le développement des usages productifs de l’énergie, notamment pendant la journée [9].

La figure ci-dessous montre une courbe de charge typique d’un petit village isolé du Pérou. La demande moyenne du village n’excède pas un tiers de la demande maximale, atteinte le soir, surtout pour les besoins d’éclairage et d’information (radio, TV) et très peu aujourd’hui pour les usages productifs. Comme on le voit, le projet génère un excès journalier d’énergie qui pourrait largement être utilisé pour développer ces usages.

graphe demande

Conclusion : Comment développer la petite hydroélectricité dans les pays en voie de développement ?

Ainsi, la petite hydroélectricité se révèle être une option majeure pour lutter contre la pauvreté énergétique en milieu rural et atteindre les objectifs du millénaire. C’est un mode de production électrique propre, basé sur les ressources locales, fiable, dont l’énergie peut être disponible 24 heures sur 24 sans interruption. Bien mené, en faisant notamment appel aux moyens de construction locaux, un projet de petite hydroélectricité peut être largement rentable, il ne génère en effet que peu de frais de fonctionnement. Il peut favoriser la création d’emplois, le développement d’utilisations productives de l’énergie et entrainer ainsi le développement économique et social des communautés équipées.

Pour favoriser le développement de la petite hydroélectricité pour les PVD, il est nécessaire :

  • d’améliorer les compétences des PVD aux niveaux de l’évaluation, la conception, la fabrication et le fonctionnement des petites installations hydroélectriques ;
  • d’évaluer et diffuser les meilleures pratiques de développement des l’hydroélectricité dans les PVD ;
  • de promouvoir le transfert de technologie et de savoir faire entre pays du sud. De réaliser des projets pilotes exemplaires se basant sur les bonnes pratiques repérées à travers le monde ;
  • d’adapter les politiques de régulation de l’électricité aux conditions particulières de la petite hydroélectricité (par exemple en fixant un prix minimum garantie dans le cas d’une revente au réseau) ;
  • d’adapter les mécanismes financiers du secteur pour favoriser l’implication du secteur privé dans la petite hydroélectricité pour accélerer son essor ;
  • d’adapter les normes techniques aux conditions rurales des PVD ;
  • d’adapter les modes de gestion aux conditions locales ;
  • de promouvoir le développement des utilisations productives de l’énergie.

Pour en savoir plus voir :

> le site internet de Practical Action(EN) ;

> l’article original en anglais disponible ici(EN)

Jacques Monvois, Gret, Jérome Levet