Une entreprise du secteur de l’énergie basée sur l’île de St Lucie se démène pour que les excédents issus de la culture des bananes ne soient pas jetés mais utilisés pour produire de l’énergie.
Le projet est mis en œuvre par Applied Renewables Caraïbes et vise à utiliser les déchets générés par le commerce des bananes de Sainte-Lucie pour produire de l’énergie de manière écologique. Il permettra simultanément aux producteurs de bananes locaux de compléter leurs revenus en vendant les déchets issus de leurs récoltes. Le projet fait partie d’un certain nombre de projets primés par le concours IDEAS 2009 d’innovation énergétique, un programme qui vise à améliorer l’efficacité énergétique et développer l’accès à l’énergie renouvelable.
Il est largement reconnu que la production d’électricité est essentielle au développement économique. Cependant, la plupart des États insulaires des Caraïbes doivent actuellement payer un prix élevé pour leur consommation d’énergie domestique et industrielle. Une étude récente commandée par CARICOM (Marché Commun de la communauté caribéenne) montre que ses États membres dépensent quatre fois plus en achat de carburant qu’en denrées alimentaires (12 milliards de dollars par an, contre 3 milliards de dollars).
La majorité de ces pays doivent importer près de 90% des produits pétroliers dont ils ont besoin pour l’énergie. Avec la production d’électricité provenant presque exclusivement de ces produits pétroliers importés, les consommateurs sont à leur tour confrontés à des prix d’électricité exceptionnellement élevés.
Jusqu’ici, le développement de formes alternatives d’énergie – en particulier les solutions renouvelables – était limité dans les Caraïbes. Dans plusieurs pays des Caraïbes, la source d’énergie renouvelable la plus prolifique est le combustible bois, ce qui présente des risques pour la santé ainsi que la création d’émissions de noir de carbone. Les solutions modernes renouvelables comme l’hydroélectricité sont peu utilisées. Pourtant, ces dernières années, l’intérêt vis-à-vis des énergies alternatives a augmenté – poussé par le nombre croissant d’ouragans violents et d’instabilité politique au sein de nombreux pays producteurs de pétrole.
Il y a encore de nombreux obstacles à l’adoption des énergies renouvelables. Le secteur privé reste réticent quant à l’adoption des énergies alternatives, car elles sont perçues comme risquées et ceci implique des coûts initiaux élevés. Dans le même temps, la volatilité des prix de l’électricité décourage les investissements étrangers. Le développement de l’industrie est entravé par des normes insuffisantes, l’application inefficace de celles qui existent, et un faible taux de main-d’œuvre qualifiée. Malgré tous ces problèmes auxquels le secteur énergétique est confronté, on note des développements positifs. Par exemple, à la Barbade, le chauffage de l’eau au solaire a été un énorme succès. Et à St-Lucie, des déchets de banane sont utilisés pour créer de l’énergie.
L’exportation de bananes est l’une des plus grandes industries de Sainte-Lucie et l’île accueille trois compagnies internationales de bananes. L’organisation Applied Renewables Caraïbes vise à tirer profit de cette industrie bien établie, en utilisant les déchets de ces entreprises pour créer de l’énergie. « Les gens se plaignent toujours du coût des transports publics ici parce que le carburant est extrêmement coûteux -, affirme Ken Aldonza qui dirige le projet. C’est pourquoi j’ai pensé à faire des biocarburants à partir de déchets de bananes. »
Sa nouvelle usine utilisera les déchets de bananes pour produire du méthane par l’intermédiaire de biodigesteurs. L’usine utilisera un nouveau procédé de fermentation en quatre étapes, qui est beaucoup plus productif et plus rentable que les traitements traditionnels. Le méthane produit sera utilisé pour produire de l’éthanol qui sera vendu à l’industrie du transport. En outre, l’usine sera en mesure de s’autoalimenter en électricité, lui garantissant de faibles coûts de fonctionnement.
Applied Renewables Caraïbes est soutenu dans cette entreprise par le Concours 2009 IDEAS d’innovation énergétique. En 2009, GVEP International, en partenariat avec la Banque interaméricaine de développement et de GIZ (l’Agence allemande de coopération internationale), et par des fonds supplémentaires du gouvernement coréen, a lancé le concours pour soutenir le développement de projets locaux et innovants qui font la promotion de l’efficacité énergétique, l’accès à l’énergie et l’adaptation au changement climatique.
En Amérique latine et aux Caraïbes, plus de 1100 dossiers admissibles ont été reçus. Parmi eux, 26 projets lauréats ont été sélectionnés et ont reçu jusqu’à 200.000 dollars de subvention. Les thèmes des projets gagnants allaient de la transformation des déchets organiques, des pneus, et des algues en énergie, jusqu’à favoriser un financement de marché pour soutenir les entreprises d’énergie propre. Parmi eux se trouvait le projet des déchets de banane de l’organisation Applied Renewables Caraïbes.
Pour Applied Renewables Caraïbes, la majorité du financement fourni provient de GVEP International. Ben Good, le Directeur de GVEP, déclare : « La proposition d’Applied Renewables Caribbean se distingue car elle présente une idée d’entreprise globale capable d’avoir des impacts sur la sécurité énergétique, la durabilité environnementale et la croissance socio-économiques, y compris l’augmentation de l’emploi et des opportunités de revenus pour les agriculteurs locaux. GVEP est extrêmement heureux de fournir des fonds et du soutien dans le développement des affaires de ce projet, d’autant plus qu’on s’attend à ce qu’il ait un impact significatif sur le développement avec une faible intensité de carbone – non seulement à Sainte-Lucie mais partout dans les îles voisines »
Le projet devrait effectivement avoir de profondes et larges implications. Déjà, à son stade de développement, il a suscité un vif intérêt au plus haut niveau des institutions gouvernementales. En effet, le gouvernement de Sainte-Lucie est maintenant au courant de la production locale de biocarburant et de biogaz à partir des déchets de banane et a approuvé des incitations spéciales pour soutenir l’extension du projet au niveau du Cabinet. Beaucoup d’autres îles des Caraïbes produisent des cultures similaires riches en sucre, il y a donc de réelles opportunités pour que ce projet soit reproduit et que l’électricité puisée dans les bananes commence à alimenter également les îles voisines.