Refusant toujours l’idée d’une réduction de ses émissions de gaz à effet de serre, Pékin a indiqué qu’elle était prête à s’engager, lors du sommet de Copenhague, à réduire de 40 à 45 % d’ici à 2020, et par rapport à 2005, son « intensité carbone » . Cet engagement correspond à une baisse de la quantité de gaz à effet serre rejetée pour chaque unité de PIB générée : ainsi, la Chine, qui s’est imposé l’an dernier comme le plus gros émetteur de CO2 de la planète, devrait progressivement freiner le rythme de hausse de ses rejets de polluants, sans parvenir toutefois à réduire ses émissions en valeur absolue.
Un engagement qui ne signifie pas une baisse des émissions de polluants, mais un ralentissement de la croissance des rejets.
Pour réduire l’ « intensité carbone » du pays, le gouvernement a annoncé qu’il allait introduire de nouvelles politiques fiscales encourageant les comportements propres, travailler au développement de centrales au charbon moins polluantes, doper son parc de centrales nucléaires et poursuivre le développement des énergies renouvelables. Dépendant toujours à plus de 76 % du charbon pour générer son électricité, la Chine a déjà lancé un vaste plan de construction de barrages hydroélectriques sur ses grands fleuves et subventionne des spectaculaires projets éoliens et solaires dans les déserts du nord et de l’ouest du pays.
Avec cette prise de position, la Chine, souvent accusée de bouder ses responsabilités de grande puissance, entend montrer qu’elle veut peser de tout son poids dans la négociation d’un accord remplaçant le protocole de Kyoto. M. Wen Jiabao, le Premier ministre chinois, devrait se rendre lui-même à Copenhague pour participer aux pourparlers et, probablement, réclamer le déblocage par les pays « développés » d’aides financières destinées aux pays en développement engagés dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Si les experts saluaient, hier, l’engagement de la Chine, ils notaient que Pékin aurait pu se montrer un peu plus ambitieux. « C’est une annonce significative à un moment clef. Mais la Chine pourrait faire plus », résumait Ailun Yang, de Greenpeace China. Selon les calculs des analystes, le rythme de baisse de « l’intensité carbone » dévoilée par Pékin serait en fait en ligne avec le recul constaté ces dernières années dans le pays et ne devrait pas nécessiter d’efforts trop contraignants pour le gouvernement, dont la priorité première reste le maintien d’une croissance annuelle au-delà de 8 %.
Source : un article de Yann Rousseau publié le vendredi 27 novembre 2009 sur le site Tout sur la Chine.