vendredi 21 novembre 2008

Banque mondiale : une nouvelle initiative pour améliorer l’accès des pauvres à l’énergie

Une réunion des pays donateurs se déroule à Paris cette semaine pour discuter d’une nouvelle initiative de la Banque mondiale intitulée « Énergie pour les pauvres ». Ce futur programme est destiné à apporter rapidement un soutien aux pays en développement dans leurs efforts pour renforcer les filets de protection sociale afin de protéger les pauvres des conséquences de factures énergétiques élevées. Voici des extraits d’un interview de Jamal Saghir, Directeur du département Énergie, Transport et Eau de la Banque mondiale.

Dans le cadre du Réseau de développement durable, le département Énergie, Transport et Eau (ETW) de la Banque mondiale a entrepris d’élaborer une « initiative destinée à mettre l’énergie au service des pauvres », à la suite d’une conférence internationale sur l’énergie organisée par le gouvernement d’Arabie Saoudite à Djeddah en juin dernier, au cours de laquelle ce problème avait été examiné.

Quel est le contexte de la situation actuelle ?

La flambée des prix de l’énergie et ses répercussions sur les biens et les services a réduit les revenus réels des ménages à bas revenus. En particulier, la hausse des prix du pétrole a augmenté le coût de transport des marchandises, ce qui a entraîné une élévation des prix de pratiquement tous les produits de base, notamment de la nourriture. Cela a généré un accroissement de l’inflation et une augmentation du chômage, aggravant les problèmes des ménages à bas revenus.

Quels sont les objectifs de cette initiative ?

L’initiative destinée à mettre l’énergie au service des pauvres a pour objectif d’aider les populations pauvres des pays en développement à s’ajuster aux chocs et à réduire leur vulnérabilité à la hausse et à l’instabilité des prix de l’énergie. Elle est constituée de deux volets :

  • Le premier, qui vise le court-terme, financerait les filets de protection sociale destinés aux populations les plus pauvres des pays les plus touchés, grâce à la création d’un fond fiduciaire multi-donateurs, appelé « Intervention en réponse à la crise des prix de l’énergie ».
  • Le second volet, qui vise le moyen-terme, renforcerait le financement de projets énergétiques, en vue de réduire, à plus long terme, la vulnérabilité d’un pays face à une hausse des prix de l’énergie et à leur instabilité. Cette augmentation sera réalisée grâce à des financements conjoints et parallèles avec les donateurs pour tirer le meilleur parti de leurs ressources limitées.

Ces deux volets sont complémentaires. La plupart des pays ont besoin d’une assistance à court terme pour être capables d’entreprendre les politiques et les investissements nécessaires dans le moyen et long terme, afin de sortir de leur forte dépendance vis-à-vis des formes d’énergie traditionnelles. Si nous n’arrivons pas à répondre rapidement aux problèmes auxquels sont aujourd’hui confrontées les populations pauvres, des effets durables pourraient saper nos efforts pour réduire leur vulnérabilité sur le moyen terme.

Comment chaque volet pourrait-il fonctionner ?

Le volet à court terme fonctionnera en parallèle avec le volet concernant la protection sociale qui fait partie de la réponse à la crise des prix alimentaires dans le cadre du Programme d’intervention en réponse à la crise alimentaire mondiale. Le fonds fiduciaire multi-donateurs, créé en réponse à la crise des prix de l’énergie, financera des programmes de filets de protection sociale grâce au financement de projets ou à une aide budgétaire directe.

Les programmes seront adaptés aux besoins de chaque pays en vue de les aider à atténuer la chute du revenu des ménages, causée directement ou indirectement par la hausse et l’instabilité des prix du pétrole. Les mesures que nous envisageons concernent notamment les transferts de fonds, les « workfare programs » qui conditionnent le versement des allocations à une recherche active d’emploi de la part des chômeurs, des mesures ciblées qui réduisent les dépenses des ménages pauvres ainsi que des conseils techniques pour mettre en place les mécanismes permettant l’application de ces mesures.

À moyen terme, nous souhaiterions travailler avec d’autres donateurs bilatéraux ou multilatéraux et pays bénéficiaires, sous forme de cofinancements ou d’arrangements financiers parallèles, en vue de renforcer les financements de projets énergétiques. Ces financements permettraient d’élaborer et de mettre en place des programmes pluriannuels (projets d’investissement énergétique et politiques sectorielles incitatives) et des initiatives de pays bénéficiaires.

Comment la Banque mondiale va-t-elle s’y prendre pour mettre en œuvre le second volet de l’initiative ?

Nous pensons que le programme peut obtenir un soutien pour une approche programmatique dans un certain nombre de pays. Par exemple, le financement pourrait être organisé pour les pays, sur une période de trois ans en vue de :

  • Elargir l’accès des pauvres aux services énergétiques durables ;
  • Déployer des solutions énergétiques renouvelables et alternatives, là où l’augmentation des prix du pétrole indique qu’il serait prudent d’opérer un changement dans les choix d’approvisionnement énergétique ;
  • Développer des interventions sur le rendement énergétique, devenues intéressantes économiquement en raison des prix plus élevés de l’énergie.

Nous pourrions par exemple, renforcer nos efforts en vue d’utiliser des technologies énergétiques renouvelables, comme notamment l’hydroélectricité, qui pourraient accroître l’accès à l’énergie (en étendant le réseau mais aussi grâce à des applications de mini-réseaux et hors réseaux). Cela permettrait également de diversifier les sources d’approvisionnement énergétique. Nous pourrions aussi étudier comment favoriser les évolutions en faveur du transport intermodal (combinant plusieurs modes de transport), encourager le commerce énergétique transfrontalier et réaliser des améliorations au niveau de l’utilisation finale en matière de rendement énergétique.


Source : un article publié le 13 novembre 2008 sur le site de la Banque mondiale.

René Massé

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