lundi 19 octobre 2009

Mali : une réussite dans l’électrification rurale

Le Mali intensifie l’électrification des zones rurales par le biais d’une approche adaptative à plusieurs niveaux qui mobilise les opérateurs privés locaux et les organisations communautaires pour la fourniture de services énergétiques.

Le Projet Énergie domestique et accès universel (financé par l’IDA et le GEF) aide le Mali à aborder la question de l’énergie dans les zones rurales en adoptant une approche souple et multi-niveaux. Pour cela, il combine de petites concessions « bottom-up » spontanées à de grandes concessions « top-down » dans le domaine de l’électrification, et développe une gestion communautaire des zones boisées ainsi que des initiatives de substitution de carburants.

RÉALISATIONS

Au 30 juin 2009, plus de 33 801 connexions cumulées ont été établies, et le projet est sur le point d’atteindre son objectif de 40 000 connexions. Ce projet a permis la connexion de 735 institutions et centres publics et communautaires, dont 122 écoles et 103 centres de soins. De plus, le projet aide le gouvernement à promouvoir une gestion forestière durable, à mettre en place une gestion de la demande en proposant des lampes compactes fluorescentes (212 064 ont été à ce jour distribuées), et à introduire des appareils de cuisson à faible consommation d’énergie (607 183 fours à consommation réduite de bois et charbon ont été distribués).

Dans les communautés rurales qui prennent part au projet, la présence de ces services de distribution d’énergie permet aux enfants de faire leurs devoirs une fois la nuit tombée et aux femmes de bénéficier de meilleurs services de santé. La sécurité est mieux assurée la nuit et tout un ensemble d’activités génératrices de revenus voient le jour : fabrication de glace, agroalimentaire, téléphonie en milieu rural et marchés désormais ouverts la nuit.

LES FACTEURS CLÉS DU SUCCÈS

La mobilisation efficace d’opérateurs locaux du secteur privé, d’associations de femmes et d’organisations communautaires ont grandement contribué au succès de ce projet.

- Les opérateurs locaux privés sont le principal moteur de ce projet. Ils ont, en moyenne, co-financé les projets à hauteur de 25%. 41 projets sont pour l’instant financés selon cette approche et la viabilité financière de 30 projets supplémentaires est actuellement évaluée.

- Les associations de femmes jouent également un rôle important auprès des communautés vivant dans des zones reculées. Après avoir reçu une formation de base en comptabilité dans leur langue maternelle (dispensée par les ONG financées par le projet), ces femmes peuvent gérer des initiatives multifonctionnelles de pré-électrification. 64 communautés bénéficient actuellement de ces services grâce à 7 200 connexions électriques.

- Les organisations communautaires sont au centre des initiatives de gestion des bois. Grâce à l’organisation de programmes d’approvisionnement en bois de chauffage, les organisations participent activement à la gestion des zones boisées. Environ 717 094 hectares de bois sont gérés par ces organisations, et 252 marchés ruraux ont été créés afin d’aider à réduire l’exploitation des forêts pour la production de bois de chauffage.
Leçons tirées de ce projet

- Un programme simple, basé sur les conditions et contraintes locales. D’après l’expérience acquise lors des précédents programmes d’extension de l’accès à l’énergie au Mali, cette simplification est importante pour assurer l’efficacité et le succès des programmes mis en place. Les arrangements institutionnels doivent être fonctionnels. Les mécanismes de subvention et les modes de livraison doivent être faciles à mettre en œuvre. Une conception trop complexe est vouée à l’échec à cause de la faiblesse institutionnelle et de l’absence de cadres légaux et réglementaires.

- Il est important que le Gouvernement ait une stratégie énergétique claire. Une stratégie claire prenant en compte les choix du consommateur, une tarification reflétant les coûts et permettant de réduire le coût de revient, et enfin la participation des communautés locales sont nécessaires à la promotion des services électriques dans les zones rurales.

- Partenariats public/privé et participation des communautés locales. Des partenariats public/privé bien conçus sont plus efficaces, dans la mise en place et le maintien de services d’électrification en zone rurale, que des programmes du seul secteur public. La stratégie d’électrification rurale réside dans ce partage : la détermination des objectifs, politiques et réglementations relève du gouvernement, tandis que la mise en œuvre du programme est laissée aux entités publiques spécialisées, aux communautés locales (entre autres à travers les coopératives), aux ONG et au secteur privé.

EXTENSION ET REPRODUCTIBILITÉ DE L’EXPÉRIENCE

Le succès des projets bottom-up (littéralement, « de bas en haut » ; se dit d’un projet qui a pour but de faire émerger les concepts de la pratique) spontanés en ont donné la preuve : les opérateurs locaux du secteur privé, les associations de femmes et les organisations communautaires peuvent jouer un rôle clé dans l’électrification en zone rurale. Afin d’étendre et de reproduire cette expérience, il faudra disposer :(i) d’une stratégie et d’un engagement clairs de la part du gouvernement ; (ii) d’une agence de l’énergie rurale capable de s’adapter et de travailler avec les acteurs locaux mais aussi avec les opérateurs étrangers et (iii) d’un financement adéquat, pouvant être prévu à l’avance, et qui passe par un fonds pour l’énergie rural.


Source : Le blog de Shanta Devarajan, Chef Économiste Afrique à la Banque mondiale..

Xavier Dufail

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