mardi 10 novembre 2009

Mali : la gestion délicate des ressources forestières

La mairie de Naréna (Mali) a décidé de s’attaquer à l’exploitation abusive des ressources forestières de la zone.

Un conflit s’est créé entre les autorités municipales de Naréna et les services de la conservation de la nature (SCN), qu’on pourrait appeler « crise du bois ». En effet, tout est parti d’un problème d’exploitation du bois de chauffe et du charbon dans la commune.

La commune rurale de Naréna est située à 85 km au sud-ouest de Bamako, sur la nouvelle route qui mène en Guinée via Kourémalé. Dans cette zone, la végétation est dense. De grands arbres au feuillage abondant en cette période de l’année couvrent un tapis très compact d’herbes.

Cette abondance de la végétation et surtout des grands arbres a attiré des exploitants de bois des autres localités. Aujourd’hui, le spectacle est inquiétant : des fours de charbon encore actifs ou éteints à travers toute la commune, des montagnes de bois, des pistes créées de toutes pièces par des camions en provenance de Bamako, des gros porteurs qui repartent surchargés de bois ou de charbon.

Résultats : des clairières s’élargissent çà et là. Des arbres géants abattus avec des scies électriques gisent sur le sol attendant d’être découpés en morceaux.

Face à cette exploitation des ressources naturelles de la zone, les communes du cercle de Kangaba ont adopté en novembre 2005, une « convention locale de gestion durable des ressources agro-pastorales dans le cercle de Kangaba ».

Cette convention a été signée par les 9 neuf maires des différentes communes, le président du conseil du cercle, le préfet du cercle et le gouverneur de la Région de Koulikoro.
Elle interdit la coupe du bois pour la production du charbon, l’alimentation du bétail et fixe les périodes pendant lesquelles les feux de brousse sont autorisés. Bref, la convention apparaît comme un texte complet et soigneusement élaboré pour que l’exploitation anarchique des ressources forestières soit stoppée ou au moins sérieusement réglementée.

Pour sa diffusion, les autorités administratives et municipales, les chefferies traditionnelles, n’ont pas lésiné sur les moyens de communication. Les radios de proximité ont été mises à profit, des rencontres avec les exploitants ont eu lieu et des assemblées générales dans tous les villages ont été tenues dans le but de faire prendre à chacun conscience de l’enjeu de la question des ressources forestières.

Mais de cela, les exploitants forestiers n’ont cure. Ils ont continué à débarquer d’autres localités pour abattre les arbres et vendre le bois et le charbon.

Face à cet abattage qui commençait à prendre des proportions très inquiétantes, le nouveau maire de la commune de Naréna a décidé d’agir : Karamoko Touré et son équipe ont commencé à arrêter les camions transportant du bois et du charbon en provenance de la commune. Ce qui n’aurait pas été du goût des agents de la conservation de la nature. Selon le maire, ils ont même encouragé les exploitants qu’ils rencontrent dans la brousse. Ils les verbalisent sans reçu et les laissent faire.

Le maire est formel : « les agents sont là pour rançonner les exploitants en ne leur donnant aucun papier. ».


Source : un article du 14 septembre 2009 de L’Essor

Xavier Dufail

Laisser un commentaire