lundi 2 novembre 2009

Biocarburants : danger pour le climat ?

Les biocarburants sont-ils perçus comme une solution contre le réchauffement climatique ou risquent-ils de l’aggraver en encourageant la déforestation ? Les détracteurs des biocarburants affirment qu’ils contribuent à émettre d’importantes émissions de CO2.
« Sans changement de comptabilité, l’utilisation des biocarburants aggravera notre problème de gaz à effet de serre plutôt qu’il nous aidera à le résoudre » prédit Jerry Melillo, du Marine Biological Laboratory, un organisme privé de recherche à but non-lucratif. Deux articles (dont un à propos d’une étude du PNUE) publiés sur le site Ushuaïa posent le débat dans des termes similaires.

L’impact des biocarburants n’est pas pris en compte par les principales lois climatiques

Dans les grands pays, les émissions de dioxyde de carbone (CO2) provenant des changements d’utilisation des terres de cultures liées aux programmes de production de biocarburants destinés à réduire l’empreinte carbonique des énergies fossiles, ne sont pas prises en compte.

Le protocole de Kyoto, le système de marché de droits d’émissions carboniques de l’Union européenne et le projet de loi sur le climat adopté cet été par la Chambre américaine des représentants exemptent les émissions de CO2 provenant de la production de biocarburants, quelle que soit l’origine de la biomasse, expliquent-ils. Cette exemption permet la production de biocarburants, même après une déforestation pour planter du soja, de la canne à sucre ou des palmiers à huile.

Suivant l’utilisation des terres la production de biocarburants peut générer d’importantes émissions polluantes

Un modèle informatique montre que « les différents modes d’utilisation des terres dans le cadre de programmes intensifs pour produire des biocarburants peuvent aboutir à d’importantes émissions polluantes ».

Ce résultat a été obtenu avec les deux hypothèses retenues pour ce modèle : la première consiste à convertir des zones naturelles, y compris des forêts, pour répondre à la demande croissante de biocarburants, tandis que la seconde privilégie une utilisation plus intensive des terres déjà cultivées.

La production des biocarburants sur le point de s’étendre ?

Le modèle prédit que les surfaces consacrées à la production de biocarburants vont devenir plus étendues que les terres de cultures d’ici la fin du 21e siècle, entraînant d’importantes émissions de CO2 selon la biomasse utilisée.

« Le potentiel des biocarburants pour réduire les émissions de CO2 dépend de la source de la biomasse et des effets de celle-ci sur l’utilisation des terres » expliquent ces chercheurs.

Un rapport du PNUE sur les biocarburants !

Le programme de l’ONU pour l’environnement (PNUE) estime dans un rapport que « les politiques d’incitation à l’utilisation de biocarburants devront être revues et les objectifs devront être réajustés à des niveaux qui puissent être atteints de manière durable ».

Les biocarburants, présentés par leurs producteurs comme une alternative aux sources d’énergie fossile émettrices de gaz à effet de serre, sont accusés par leurs détracteurs d’accaparer des terres agricoles nécessaires pour nourrir la planète. « Environ 8 à 34 % des terres cultivables seraient nécessaires, avec les technologies actuelles de première génération, pour fournir 10 % de la demande de carburants dans les transports » relève le rapport.

Les biocarburants, ont-ils des effets positifs sur le climat ?

Au Brésil, l’éthanol produit à partir du sucre de canne et de déchets fibreux, appelés bagasse, est considéré « comme ayant un effet positif sur le climat ». L’éthanol issu du traitement du maïs peut être 60 % plus économe en gaz à effet de serre que l’essence, ou 5 % plus producteur de ces mêmes gaz, en fonction de l’efficacité des méthodes de production.

Idem pour le biodiesel produit à partir de l’huile de palme ! Il peut faire économiser 80 % de gaz à effet de serre comparé à l’essence.

Mais le même procédé peut multiplier par 8 les émissions de gaz à effet de serre, toujours comparé à l’essence, s’il a fallu détruire une forêt tropicale pour produire cette huile de palme, et par 20 s’il a fallu sacrifier une tourbière, souligne le rapport.


Source : deux articles publiés le 21 octobre 2009 sur cette page du site Ushuaïa, et le 24 octobre 2009 sur cette page du site Ushuaïa

René Massé

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